Messieurs les Élus, dégagez !

attaliSources: Jacques Attali |

1°) Députés et sénateurs.

Nous sommes l’un des pays du monde où les élus, en ­particulier les parlementaires, sont le plus souvent reconduits. Et l’un des rares pays où un élu, une fois battu, ne change pas totalement et définitivement de métier, ­attendant les scrutins suivants pour tenter, de nouveau, sa chance.

Conséquences:
la classe politique vieillit sur pied .
– la droite vire au conservatisme le plus rance .
– la gauche en reste à une conception de la défense des plus faibles issue des siècles passés.

Après trois, quatre ou cinq mandats:
– les mieux placés pour leur ­succéder, au moins dans la candidature, sont leurs suppléants et leurs attachés parlementaires.
– les jeunes qui veulent faire de la politique cèdent aux sirènes de l’extrême droite, qui seule leur offre des circonscriptions, non par choix idéologique, mais par disponibilité.

Solution.
Une loi limitant à deux (ou trois) dans le temps le nombre de mandats de tout parlementaire.
Il deviendrait clair que le statut de député ou de sénateur n’offre pas une carrière et n’est qu’un passage dans une vie.
Et si, en plus, on garantit le retour dans leurs entreprises aux salariés du secteur privé qui en prendraient le risque, la composition et les décisions du Parlement seraient d’une tout autre nature qu’aujourd’hui .
la vie politique retrouverait du sens.

2°) Élections municipales, départementales, régionales

On devrait ensuite appliquer le même principe à toutes les élections.
En attendant qu’on supprime un de ces niveaux.
Les parlementaires actuels oseront-ils voter cela ? Sûrement pas.
les derniers privilèges que ces élus remettront en question seront les leurs, et la nuit du 4 août n’est pas pour demain.

3°) Modifier la constitution.

Alors, nous voici coincés, sans solutions, car, aujourd’hui, toute réforme de la Constitution, sur quelque sujet que ce soit, suppose l’accord des parlementaires.

Et ils n’auront vraisemblablement pas le courage des sénateurs italiens, qui vont bien finir par voter leur propre disparition !
Cela rend impossible beaucoup d’autres réformes, telles la ­réduction du nombre de députés ou de sénateurs ou celle du nombre de communes.

Il faudra alors réfléchir à d’autres moyens de changer la Constitution sans l’accord de ceux dont les intérêts sont menacés. Dans l’état actuel du droit, il ne reste plus, pour y parvenir, que le coup d’Etat, comme en 1958. Les élus seront-ils assez responsables pour l’éviter au pays ?

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